Tom na Fazenda
(Tom à la ferme)
Théâtre / Samedi 27 janvier 20h  / Le Foirail
2H / TARIF A / En portugais surtitré

En transposant au Brésil la pièce Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard rendue célèbre par le long-métrage de Xavier Dolan, Rodrigo Portella invite à une plongée captivante au cœur d’une brutalité archaïque. Une pièce nécessaire, un événement !

Le drame se noue autour de l’arrivée de Tom, jeune publiciste citadin, dans la ferme familiale, le jour des funérailles de son amant. Il y rencontre la mère, qui ignore l’orientation sexuelle de son fils défunt, et le frère, un paysan viril et violent. Son irruption exacerbe les pulsions sous-jacentes, libère la parole dans un débordement de sauvagerie qui fait basculer ce monde dans un chaos total. Le plateau, plus proche d’un ring de boxe que des planches d’un théâtre, ne laisse aucun doute sur les tensions qui vont s’exercer. D’abord recouvert d’une terre poussiéreuse, il se métamorphose vite en marécage boueux. Le conflit s’incarne dans un jeu d’acteurs à la physicalité radicale. Les visages sont trempés de sueur, les corps maculés de terre, le sang coule. Réputé pour son sens du plateau et sa manière de trancher dans le vif, Rodrigo Portella nous adresse un uppercut théâtral à l’esthétisme sombre qui dépasse le simple drame psychologique. Un geste politique sublime.

Texte Michel Marc Bouchard — Traduction et adaptation Armando Babaioff — Mise en scène Rodrigo Portella — Interprétation Armando Babaioff, Denise Del Vecchio, Gustavo Rodrigues, Camila Nhary — Scénographie Aurora dos Campos — Lumières Tomás Ribas — Musique Marcello H. — Chorégraphie Toni Rodrigues — Programmation visuelle Bruno Dante — Coiffure Ezequiel Blanc — Assistant technique Egídio La Pasta — Assistant à la scénographie Manu Libma — Assistante aux costumes Luísa Marques — Production Quadrovivo Produções — Crédit photo Victor Pollak
PRODUCTION

Production ABGV - Armando Babaioff Sur une idée orignale de Armando Babaioff (Quadrovivo Produções)

En transposant au Brésil la pièce Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard rendue célèbre par le long-métrage de Xavier Dolan, Rodrigo Portella invite à une plongée captivante au cœur d’une brutalité archaïque. Une pièce nécessaire, un événement !

Le drame se noue autour de l’arrivée de Tom, jeune publiciste citadin, dans la ferme familiale, le jour des funérailles de son amant. Il y rencontre la mère, qui ignore l’orientation sexuelle de son fils défunt, et le frère, un paysan viril et violent. Son irruption exacerbe les pulsions sous-jacentes, libère la parole dans un débordement de sauvagerie qui fait basculer ce monde dans un chaos total. Le plateau, plus proche d’un ring de boxe que des planches d’un théâtre, ne laisse aucun doute sur les tensions qui vont s’exercer. D’abord recouvert d’une terre poussiéreuse, il se métamorphose vite en marécage boueux. Le conflit s’incarne dans un jeu d’acteurs à la physicalité radicale. Les visages sont trempés de sueur, les corps maculés de terre, le sang coule. Réputé pour son sens du plateau et sa manière de trancher dans le vif, Rodrigo Portella nous adresse un uppercut théâtral à l’esthétisme sombre qui dépasse le simple drame psychologique. Un geste politique sublime.

DISTRIBUTION

Texte Michel Marc Bouchard — Traduction et adaptation Armando Babaioff — Mise en scène Rodrigo Portella — Interprétation Armando Babaioff, Denise Del Vecchio, Gustavo Rodrigues, Camila Nhary — Scénographie Aurora dos Campos — Lumières Tomás Ribas — Musique Marcello H. — Chorégraphie Toni Rodrigues — Programmation visuelle Bruno Dante — Coiffure Ezequiel Blanc — Assistant technique Egídio La Pasta — Assistant à la scénographie Manu Libma — Assistante aux costumes Luísa Marques — Production Quadrovivo Produções — Crédit photo Victor Pollak

 
RENDEZ-VOUS
Film
Tom à la ferme
Xavier Dolan
Dimanche 21 janvier 18h15
Cinéma Le Méliès, Le Foirail

À l’occasion de la présentation de Tom à la ferme de Michel Marc Bouchard dans la mise en scène de Roberto Portella, Le Méliès présente le long métrage réalisé par Xavier Dolan, dont le scénario est également inspiré par la pièce. Le réalisateur y joue avec les codes du thriller dans un drame psychologique hautement maîtrisé. Présenté en première mondiale en compétition officielle lors de la 70e Mostra de Venise, Tom à la ferme a reçu le prix de la critique internationale.

En partenariat avec le Cinéma Le Méliès dans le cadre d’une journée dédiée au réalisateur Xavier Dolan.

 

Rodrigo Portella
Natif de Três Rio, intérieur de l’État de Rio de Janeiro, l’auteur et metteur en scène Rodrigo Portella a mis en scène 19 pièces. À Rio, il a suivi le cours de mise en scène de l’université UNIRIO et a publié la Trilogia Cárcere. Dans sa ville d’origine, il a fondé la compagnie Cortejo. Il a réalisé près de 200 représentations de Antes da Chuva (Avant la pluie) dans tout le pays avec le projet Palco Giratorio (Plateau Tournant). Actuellement, il se dédie à la recherche des expériences de Charles Deemer e o Hiperdrama no Teatro (Charles Deemer et l’hyperdrame au théâtre) avec l’aide d’une bourse de FAPERJ, sous la supervision de Moacyr Chaves. C’est le directeur général de OFF RIO – Multifestival de Teatro de Três Rio, qui en 2018 en est à sa sixième édition. Il a été indiqué au prix Shell 2013 ( Meilleure mise en scène pour Uma Historia Oficial (Une Histoire Officielle) et meilleur texte pour Antes da Chuva (Avant la Pluie)), au prix APTR 2010 (Meilleur illumination pour Na Solidao dos Campos de Algodão (Dans la solitude des champs de coton)) et le prix Cesgranrio 2016 (Meilleur texte pour Alice Mandou um Beijo (Alice a envoyé un baiser)). En 2018, il a mis en scène le spectacle Insetos (Insectes) – en commémoration des 30 ans de la compagnie dos Atores - qui a tourné dans les quatres unités du Centro Cultural Banco do Brasil (Rio, Brasilia, São Paulo, et Belo Horizonte) ainsi qu’à Nerium Park, au centre dramaturgique CatalãoJoseph Maria Miró. Portella est aussi à l’affiche avec le spectacle As Crianças (les Enfants).

Armando Babaioff
Formé à l’école Estadual de Teatro Martins Pena et à l’université Fédérale de Rio de Janeiro (UNIRIO) en Arts Scéniques. En tant qu’intégrant de la compagnie Quantum, Babaioff a participé à de diverses mises en scène sous la direction de Rodrigo Portella. En 2004, il a interprété le personnage principal de la pièce A Primeira Noite de um Homem ( La première nuit d’un homme) aux côtés de Vera Fischer et sous la direction de Miguel Falabella. Au théâtre, il a participé à des spectacles tels que O Santo e a Porca, 2008 ( Le Saint et le Porc), mise en scène de João Fonseca, pour lequel il a été indiqué au prix du meilleur second rôle pour le ATPR ; A Gota dÁgua, 2009 (La goutte d’eau), mise en scène de João Fonseca, Rockantygona, 2011, mise en scène de Guilherme Leme Garcia, Escola do Escândalo (l’école du scandale), mis en scène par Miguel Falabella, A Propósito de Senhorita Júlia (A propos de Mademoiselle Julie) mise en scène par Walter Lima Jr et O que você mentir eu acredito (Ce que tu mens je crois) mise en scène par Rodrigo Portella. En 2009, il a créé la maison de production ABGV Produções Artisticas, en partenariat avec son ami et acteur Gustavo Paz. Pour la première fois il travaille également comme producteur, avec la pièce Na Solidão dos Campos de Algodão, texte de Bernard Marie Koltès et mise en scène de Caco Ciocler. Le spectacle lui a rapporté une indication au prix du meilleur acteur pour le APTR. Avec le spectacle Tom na Fazenda (première en Mars 2017), qu’il a idéalisé et produit, il a été indiqué à divers prix comme acteur, vainqueur des prix Cesgranrio, Botequim Cultural et Cenym. À la télévision, on le retrouve dans la novela Bom Sucesso, il a participé en 2018 de la novela Segundo Sol, de João Emanuel Carneiro. Il est apparu pour la première fois à TV Globo dans la novela Páginas da Vida (2006), de Manoel Carlos, a participé des novelas Duas Caras (2010/2011), Ti-ti-ti (2010), Sangue Bom (2013), et A Lei do Amor(2016). Il a interprété le personnage principal de la série DOAMOR, aux côtés de l’actrice Maria Flor, sur la chaîne Multishow. Au cinéma, il est le protagoniste du film Prova de Coragem (Preuve de courage) réalisé par Robert Gervitz et Homem Livre (Homme Libre), de Álvaro Furloni. Il a participé aussi de Introdução à Musica do Sangue (Introduction à la musique du sang), argument de Lúcio Cardoso et réalisation de Luiz Carlos Lacerda.

Au Théâtre Paris-Villette, « Tom na fazenda », un règlement de compte familial violent comme un uppercut
Le Brésilien Rodrigo Portella adapte la pièce à succès de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard, « Tom à la ferme », en réussissant à ériger la brutalité en geste esthétique. Pas de temps mort ou de demi-mesure. Pas de tendresse ou de caresse. La rage anime de part en part ce spectacle créé en 2017 au Brésil et qui n’a, depuis, jamais cessé d’être joué. Succès du Festival « off » d’Avignon en juillet 2022, il est de retour en France, sur la scène du Paris-Villette, où le public assiste à un uppercut théâtral qui ne s’est pas émoussé. Rodrigo Portella, metteur en scène brésilien de la pièce Tom à la ferme de l’auteur québécois Michel Marc Bouchard, précipite Tom na Fazenda (titre brésilien) au cœur d’une brutalité érigée en geste esthétique. Cette brutalité est celle vécue par Tom (Armando Babaioff), un jeune homme dévasté par la mort accidentelle de son compagnon et pris au piège d’une toile d’araignée tendue par la famille de son amant : la mère (Soraya Ravenle), qui ignore l’homosexualité de son fils, et le frère (Gustavo Rodrigues) qui savait, mais n’a jamais rien dit. Le plateau ne laisse aucun doute sur les tensions qui vont s’exercer. Plus proche d’un tapis de danse, voire d’un ring de boxe, que des planches d’un théâtre, l’espace est recouvert d’une bâche poussiéreuse. Sur les côtés, de gros seaux noirs attendent d’être vidés. C’est Agatha, la mère, qui s’en charge. Elle prend l’un d’eux, balance une eau sale sur le sol puis quitte les lieux. Elle vient de préparer le terrain pour la lutte des hommes. Elle s’assoit à l’écart, dos tourné au public comme elle le tourne, sans doute, à la vérité. Le drame se noue autour de la peur, du déni, du désir. Un triptyque explosif sans perspective d’apaisement. D’où la férocité d’une représentation qui prend au pied de la lettre la barbarie des liens. Lorsque Tom le citadin arrive dans la ferme familiale, au jour des funérailles de son amant, il n’a pas le choix. « Tais-toi ! », lui ordonne Francis, le frère (un paysan éleveur de vaches), avant de l’entraîner dans un jeu viril équivoque où les coups assénés semblent être le revers de pulsions sexuelles refoulées. « Avant d’apprendre à aimer, les homosexuels apprennent à mentir », écrit Michel Marc Bouchard dans sa préface. Tom ment mais Francis aussi. Son comportement bestial en dit long sur le conflit intérieur qui le ronge. Mélange de sadisme et de masochisme, d’humiliation et de soumission, d’attirance et de répulsion, la pièce met à nu les rouages d’une relation sensuelle et vénéneuse qui gangrène la tête des personnages. Francis frappe Tom. Tom encaisse, et même, il en redemande. Dans cette zone improbable où le mensonge a la rigidité d’une loi d’airain, la normalité se dérègle. Le spectacle suit un mouvement entropique qui le conduit au chaos. Il quitte les berges de la rationalité pour gagner les rives de la sauvagerie. Là où l’homme assimile la jouissance à la mort et où la civilisation s’efface devant l’archaïque. Le plateau se métamorphose en marécage ocre et boueux. Les visages sont trempés de sueur, les corps maculés de terre, les épidermes meurtris, les crachats fusent, le sang coule. Le choix d’ancrer le huis clos dans un déferlement d’agressivité n’est pas neutre. Le spectacle est né au Brésil peu avant l’élection de Jair Bolsonaro, leader politique craint par la communauté LGBT pour son homophobie. Le pays serait l’un de ceux « qui tue le plus d’homosexuels au monde », dit le traducteur Armando Babaioff. Le théâtre n’esquive pas cette réalité. Les vérités censurées dans les replis de la fiction éclatent sous les projecteurs de la salle. Incapable de tricher avec son contexte de création, la mise en scène, elle, ne ment pas. On la reçoit comme un coup de poing, entre effroi et sidération, bien convaincus que le texte pourrait être monté différemment, en d’autres lieux et d’autres circonstances. Cela a d’ailleurs été le cas. Publié en France aux éditions Théâtrales, Tom à la ferme sillonne le monde depuis sa première représentation, en 2011, au Québec. Traduite en neuf langues, adaptée en 2013 au cinéma par le réalisateur québécois Xavier Dolan, la fable a existé dans des versions allemandes, argentines, australiennes, espagnoles, grecques, italiennes, luxembourgeoises, mexicaines, polonaises ou encore ukrainiennes. A ce jour, une quinzaine de pays et autant de propositions artistiques qui ne se ressemblent pas. Ce déploiement international est aussi rare qu’instructif. D’une fiction née de l’intime, Michel Marc Bouchard a su faire un sujet universel qui excède époques et frontières et a des échos d’un bout à l’autre de la planète. Sa tragédie se parle dans toutes les langues. Tom à la ferme n’est pas seulement un drame psychologique alimenté par des conflits névrotiques. Le canevas des mots est taillé sur mesure pour l’incarnation des acteurs. Au Paris-Villette, leur interprétation exacerbe le propos. Au point que l’appropriation brésilienne a des airs de réécriture. Ce n’est pourtant pas le cas. Michel Marc Bouchard est l’auteur. Souhaitons-lui de trouver aussi en France des metteurs en scène de cette envergure qui confirment le fracas venu d’Amérique latine : Tom à la ferme est une pièce majeure du répertoire contemporain.
Le Monde, Joëlle Gayot, 14 mars 2023.

Tom na Fazenda provoque le chaos en moi. C’est un texte qui me démolit. Et qui mal me reconstruit. J’avais besoin de parler de cela. Tout est tellement étrange là-dehors et le seul lieu qui ne me fait pas perdre espoir, c’est ici au théâtre. Le théâtre est ma foi, ma protection. Il me réconforte, mais il ne me calme pas : il m’inquiète. Une inquiétude qui m’est propre, qui vient de ma relation au monde, là-dehors. Un appel au secours. Je me demande quel rôle nous jouons aujourd’hui dans la société : est-ce que nous marchons pas-à-pas vers la communication, la compréhension, l’amour ? Tom na Fazenda révèle bien plus qu’une histoire d’homophobie, elle nous montre à quel point notre individualité a été affectée par une construction sociale qui tente de conformer l’individu et l’amène à reproduire un comportement dominant. Par peur de ne pas être acceptés pour ce que nous sommes, par manque de préparation face au regard qui voit la différence comme quelque chose qui incommode, quelque chose de sale, nous taisons nos envies, nos désirs, et nos vérités. Nous devenons une bombe à retardement prête à exploser, peut-être comme unique forme de libération. Tom na Fazenda va au-delà d’une simple performance artistique, c’est un geste politique dans le contexte brésilien actuel, dans le pays qui tue le plus d’homosexuels au monde... Quand un texte écrit à Montréal en 2011 devient un discours universel. Quand la ferme n’est pas qu’une ferme. »
Armando Babaioff

Note de mise en scène
Au Brésil et dans le monde entier, une vague conservatrice s’est élevée ces dernières années en réaction aux progrès de ce tournant du siècle. Au Brésil, un coup d’État politique a renversé la première femme présidente de l’histoire en 2016, la censure des arts n’a fait qu’empirer, le génocide dans les communautés autochtones et les favelas continue, la déforestation illégale est endémique et le pays connaît une augmentation de la répression des religions d’origine non européennes et des meurtres homophobes. C’est dans ce contexte social, économique et politique qu’est tombé entre nos mains le texte Tom à la ferme, du Canadien Michel Marc Bouchard. Trouver des correspondances entre le Québec et le Brésil ne fut pas difficile. Dans les coins du Brésil patriarcal, tout ce qui déstabilise la triade famille-église-propriété est considéré comme un “ennemi national”, pour le maintien des privilèges d’une classe dominante, principalement agraire, aux commandes du pays depuis plus de cinq siècles. Tuer ceux qui perturbent ce système est, d’une certaine manière, légitime et tacitement autorisé dans un pays où la vie des femmes et des personnes pauvres, périphériques, noires, autochtones, handicapées, âgées, lgbtqia+ ne vaut que très peu ou presque rien. Dans Tom à la ferme, le protagoniste est l’étranger qui déstabilise la morale familiale et expose la violence silencieuse de cet endroit. Le frère, gardien de cette morale, utilise la force physique, la séduction et la torture pour maintenir la farce patriarcale. Le résultat est un jeu complexe qui implique l’amour, la peur, la luxure, la chair, la douleur, le sang, le lait, la jouissance. Cette pièce propose une plongée vertigineuse dans les souterrains de notre arrangement social : la boue dense dans laquelle il faut du courage pour fouiller.
Rodrigo Portella

ESPACES PLURIELS
SCÈNE CONVENTIONNÉE
D'INTÉRÊT NATIONAL
ART ET CRÉATION DANSE